Les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) sont elles fiable au Maroc? Beaucoup de personnes dénigrent les centre de Fécondation In Vitro (FIV) du pays. Selon elles, les tentatives d’AMP sont d’emblée voués à l’échec. Elles vous conseillent facilement d’aller concevoir leur bébés à l’étranger. Est-ce vraiment une bonne solution? Pas forcément. Heureusement que non. Des dizaines de milliers de bébé sont nés ainsi de ces techniques d’assistance médicale à la procréation. Mais parlons d’abord d’infertilité.
Vous vous êtes mariées depuis quelques semaines, voire quelques mois, et vous désirez ardemment un bébé. Malheureusement, il ne vient pas aussi vite que cela. En fait, il faut laisser le temps au temps pour être enceinte. Sachez que même chez la jeune femme, les chances de grossesse ne sont que de 20-25% par cycle menstruel. Et ce taux diminue avec l’âge jusque’à devenir presque nul après 43 ans. Ça ne veut pas dire que l’on ne tombe jamais enceinte après cet age. Juste que les résultats mondiaux des techniques d’AMP sont inférieurs à 1% de succès après cet âge.
On parle d’infertilité après 1 an de rapports conjugaux réguliers sans contraception et sans grossesse. Elle concerne 15% des couples. Plusieurs causes peuvent être responsables. Trente pour cent sont d’origine masculine, 30% féminine, 30% mixtes et seulement 10% restent inexpliquées. Il faut d’abord identifier la ou les causes pour pouvoir proposer un traitement ou des techniques d’assistance médicale à la procréation. Bien sur, votre gynécologue a auparavant recherché, identifié et traité les causes générales d’infertilité. Il a corrigé les carences en fer, acide folique et thyroïde notamment.
On propose dabord une stimulation ovarienne si le problème réside dans une mauvaise ovulation. On stimule les ovaires par du létrozole ou du citrate de clomiphène. Ce sont des médicaments qui poussent les follicules à grandir pour palier le manque d’hormones induit. Le létrozole est donné en 1ère intention, notamment en cas d’ovaires polykystiques, avec plus de 80% de réponse. Il a remplacé le citrate de clomifène qui a plus de risques et un peu moins efficace Ça ne coûte pas cher du tout (100-300 dhs/mois) et ça peut rapporter gros. En cas d’échec ou de réserve ovarienne très diminuée, on doit passer aux injections de gonadotrophines pour stimuler les ovaires, voire aller directement en FIV. De même s’il existe un problème de trompes féminines qui sont détruites (endométriose, infections, adhérences, GEU…)
Des problèmes de sperme modérément altérés ou de glaire cervicale nécessitent de court-circuiter le blocage du col utérin. On propose alors comme assistance médicale à la procréation une insémination intra-utérine (IAC) après préparation au laboratoire du sperme du conjoint. Cette IAC ne coûte pas très cher et peut être couplée à une stimulation ovarienne, Mais elle n’est couronnée de succès que dans 20% des cas à chaque tentative. On propose également cette IAC dans les stérilités inexpliquées en 1ère intention (3 tentatives)
En cas de trompes imperméables ou de sperme très altéré (oligo-asthéno-térato-spermie- OATS- ou moins de 1 million de spermatozoïdes/ml), la FIV/ICSI reste le seul choix. Le principe consiste à bombarder les ovaires de la femme pour avoir un maximum d’ovocytes ,idéalement pas plus de 15. Puis ont les ponctionne juste avant l’ovulation. On les donne alors au biologiste pour les mettre en contact avec le sperme dans une éprouvette (d’où le terme bébé-éprouvette).
L’ICSI (Intracytoplasmic Spem Injection) est une variante de la FIV où l’on injecte directement le spermatozoïde dans l’ovule. Elle est utile en cas de faiblesse importante du sperme. En cas d’azoospermie (absence de spermatozoïdes dans le sperme), on peut aller biopsier les testicules à la recherche de quelques spermatozoïdes détenteurs de l’information génétique paternelle .On la transferera alors par ICSI. S’il n’y a pas de spermatozoides, Il n’y a plus rien à faire puisque le don de sperme est haram dans notre religion. Tout comme le don d’ovocytes si la femme n’en produit plus ou de mauvaise qualité du fait de son âge ou d’une ménopause précoce.
Le Bon Dieu fabrique alors les embryons qui se multiplient leurs cellules si la fécondation réussit. Ces embryons seront ensuite transférés dans l’utérus de la femme. Çà se fait idéalement 2, 3 ou 5 jours plus tard en l’absence d’hyperstimulation dangereuse. Les embryons surnuméraires sont congelés et seront transférés le mois suivant, après une préparation médicale de l’endomètre, voire quelques mois ou années en cas de succès.
La FIV et l’ICSI restent donc les techniques les plus poussées d’assistance médicale à la procréation. Il y a plusieurs protocoles de stimulations qui diffèrent selon le profil des patientes. L’essentiel est d’obtenir des embryons à transférer dans un utérus au moment adéquat pour que l’implantation se fasse. Elles ont un coût élevé: Elles nécessitent de nombreuses analyses sanguines, des doses variables de médicaments chers, des laboratoires équipés de haute qualité, des frais de clinique et d’anesthésie en plus des honoraires des médecins ….
Cependant ce que les gens refusent souvent d’accepter, c’est ce caractère non garanti de réussite même sils paient plus de 30.000 dhs. De la naissent plusieurs critiques envers les centres marocains de fertilité, arguant de gynécologues et de labos incompétents ne cherchant qu’à gagner de l’argent.
On propose facilement aux couples d’aller faire des FIV à l’étranger dans des centres plus réputés. Ces usines à bébé que sont IVI, EUGIN et DEXEUS en Espagne ou en Belgique sont évidemment les meilleures en Europe. Elles ont un tel débit de techniques d’assistance médicale à la procréation qu’ils ont presque ‘automatisé » leurs procédures. Mais elles restent très chères (plus de 5000 euros + le voyage) . On ne vous garanti pas le résultat aussi. Et la différence avec les taux de succès au Maroc ne sont pas du simple au double
Dans les meilleurs centres au monde, les taux de réussite ne dépassent pas 40-50% car on ne fait jamais mieux que la nature. On ne sait pas encore choisir l’embryon parfait qui s’implantera sans problèmes et sans faire de fausses couches. Avec les transferts d’embryons congelés, ce taux de réussite monte à 60-70% au bout de quelques mois.
Au Maroc, les gros centres existant ont eux aussi investis dans la qualité. Si leurs résultats n’atteignent pas ceux des centres sus cités (peut-être 10% de résultat en moins), ils sont loin d’être négligeables et surtout accessibles aux marocains à un moindre coût (de 20 à 40.000 dhs). Donc réfléchissez-y à deux fois avant d’aller tenter des techniques d’assistance médicale à la procréation (FIV, ICSI…) à l’étranger.
Mon conseil : Persévérer malgré les premiers échecs, déstresser (enfin essayer) et touakkal 3la Allah. Il y a énormément de cas qui ont galéré après plusieurs techniques d’assistance médicale à la procréation. Mais beaucoup de bébés arrivent au moment où on ne les attends plus, après avoir tout abandonné.
One comment on “Les techniques d’assistance médicale à la procréation . Maroc ou Etranger?”
Dr. HICHAM BEN ABBES TAARJI
Bonjour. merci de votre commentaire. Heureux que ce site puisse vous être utile